Un kebab dans la maison du créateur de Guignol à Lyon : entre innovation et respect des lieux

Un kebab dans la maison du créateur de Guignol à Lyon : entre innovation et respect des lieux
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Depuis octobre dernier, Made in Berliner occupe l’ancienne demeure du marionnettiste créateur de Guignol, classé monument historique.

Cela fait maintenant sept mois que Made in Berliner a ouvert ses portes au 2 place Saint-Paul, dans le 5e arrondissement, en plein cœur du Vieux-Lyon. Ce restaurant kebab, qui les cuisine façon berliner, occupe l’ancienne maison de Laurent Mourguet, marionnettiste et créateur de Guignol, qui y a vécu entre 1795 et 1832. Il succède à une ancienne pizzeria. Pour ce qu’il qualifie de "coup de bol", le gérant Pacha Kostik explique avoir eu quelques réticences au début : "Il y a eu deux ou trois remarques sur les réseaux sociaux au début mais je ne pense pas que Laurent Mourguet se retourne dans sa tombe parce qu’un berliner est installé ici", explique-t-il avec ironie.

"Il vaut mieux avoir un établissement qui marche dans le quartier plutôt que d’avoir un lieu constamment fermé". Il avoue même avoir été très bien accueilli : "Le voisinage a fait passer le message très vite : au bout de trois semaines tout le quartier le savait".

Un kebab près des bouchons lyonnais et dans un patrimoine cher à la capitale des Gaules, ça peut surprendre, mais la nouvelle équipe crédibilise son idée par son aménagement des lieux : "Sur les travaux, on n’a fait que du rafraîchissement et de l’habillage, comme du bois verni ou un mur végétal pour rajouter un design. On n’a rien touché à la structure et fait aucune casse", poursuit Pacha Kostik. Normalement, pas de quoi irriter les Stéphane Bern du dimanche.

Au-delà des amoureux du kebab, ce même lieu attire également d’autres publics : "On a aussi beaucoup de passage de touristes qui regardent la plaque de Laurent Mourguet et qui rentrent même à l’intérieur parce qu’on a des puits de l’époque", explique le gérant de Made in Berliner.

Un attribut fort, qui lui permet d’avoir, parmi sa clientèle, des seniors. Cette importance vouée à la tradition découle dans le fonctionnement même du restaurant : "A l’intérieur nous n’avons pas de photos tape à l’œil de nos menus et nous refusons catégoriquement les bornes de commande pour favoriser l’échange avec les clients".

Un kebab revisité et des produits frais

Si l’ardoise est privilégiée à la borne électronique et que le contact humain est recherché, c’est aussi pour se démarquer des fast-foods que l’on connaît, dans un contexte où un bon nombre d’entre eux sont soumis à des problèmes liés à l’hygiène. Une mauvaise presse que Pacha Kostik ne compte pas laisser entrer chez lui : "Nous ne sommes pas un snack. On utilise de la viande 100% française, notre pain est fait sur mesure par un boulanger lyonnais, les légumes sont préparés le matin pour le service du midi et l’après-midi pour celui du soir. C’est que du frais ici".

La recette du berliner diffère largement du kebab classique, puisqu’en plus de la composition viande-salade-tomate-oignons, on retrouve des carottes et du chou rouge, des légumes frits, de la feta… et de la grenade, la signature de la maison.

Guignol bientôt en cuisine ?

Pour continuer à attirer l’œil des curieux, Pacha Kostik souhaite adresser un clin d’œil à l’ancien habitant de ses murs actuels : "J’ai deux choix : je suis en contact avec le MAM (Musée des Arts et de la Marionnette) pour que l’on puisse me faire un Guignol robotisé en train de couper une broche de kebab. Si ce n’est pas possible, on le représentera sur un tableau".

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