Rencontre avec la cheffe Alissa Guevara à Lyon : "Tu ne mangeras pas ici ce que tu manges ailleurs !"

Rencontre avec la cheffe Alissa Guevara à Lyon : "Tu ne mangeras pas ici ce que tu manges ailleurs !"
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Voilà 5 ans que Alissa Guevara s’est lancée dans l’aventure. À la tête de son propre restaurant, la Grenade, aux influences méditerranéennes, la jeune cheffe lyonnaise a su faire ses preuves dans un milieu où on ne l’attendait pas. Retour sur un parcours singulier.

À 32 ans, la jeune femme a dû franchir bien des étapes avant de se retrouver derrière les fourneaux de Grenade, situé en plein cœur du 1er arrondissement. Une chose est sûre, Alissa Guevara a la niaque.

Originaire de Givors, elle fait ses premiers pas dans le stylisme et ressort avec un BEP de sa formation au sein du SEPR, le centre de formation professionnelle initiale à Lyon. En parallèle, la jeune femme fait du mannequinat : "C’était une période assez étrange, j’étais toute jeune, à 18 ans j’étais entre le mannequinat, les concours de Miss et le stylisme".

Après avoir remporté la couronne de Miss Top Model en 2008, la jeune femme s’éloigne de la mode. C’est en faisant du service qu’Alissa met un pied dans la restauration, au Rendez-vous des Amis, dans le 6e arrondissement. "Il fallait que je trouve un job… Être miss ne payait pas les factures… J’ai toujours voulu être très indépendante, à 16 ans je n’étais déjà plus chez mes parents".

Alissa se souvient : "J’ai demandé un feu au serveur, il m’a dit d’accord si j’acceptais de venir bosser, et c’est comme ça que ça a commencé". La jeune femme y restera quasiment un an, avant de partir en saison à Porto-Vecchio. Là-bas, elle y découvre le monde de la nuit en travaillant au Patio, toujours dans le service.

Alissa a la bougeotte. Elle enchaîne les missions à Paris où elle y fera un passage éclair de quelques mois. "J’ai très rapidement lâché l’affaire. C’est pas du tout une ville qui me correspond. Je suis revenue aux sources à Lyon, je suis beaucoup plus proche de cette ville à taille humaine, c’est beaucoup plus relax".  La jeune femme tente alors sa chance à Val-Thorens pour une saison hivernale, dans un Mercure trois étoiles, où elle passe cette fois-ci derrière le bar. Un appel au voyage que l’on retrouvera quelques années plus tard dans les assiettes de Grenade.

Fini de courir partout

"J’ai mis le holà, je voulais quelque chose d’un peu carré. J’ai alors commencé à bosser à la Poule au Pot en 2015, d’abord au bar… Je commence tout doucement à glisser en cuisine, en m’occupant des assiettes apéro le soir". Au bout de deux ans, Alissa assure les plats du samedi, tout en étant supervisée par la cheffe Maëlle Polidori.

Une appétence pour la cuisine qu’elle puise dans sa famille, tunisienne du côté de sa mère, et espagnole du côté de son père : "Il y a ce côté méditerranéen, on adore manger, cuisiner, se retrouver autour d’une table. À chaque fois qu’il y a un événement, c’est forcément autour d’un repas. J’ai grandi avec mes deux grands-mères qui cuisinaient".

La vie professionnelle d’Alissa prend un autre tournant quand elle démissionne de la Poule au Pot pour participer au lancement de Konditori (fermé depuis, ndlr), où elle deviendra responsable des brunchs en l’espace de six mois, jusqu’à devenir cheffe au bout d’un an. "C’était déroutant, cette pression d’un coup comme ça. Il fallait que j’avance, il fallait que je fasse mes preuves coûte que coûte, quitte à en laisser des plumes. Ça s’est terminé abruptement, ça ne pouvait plus marcher avec ma boss".

Alissa prend alors du recul et plis bagage en janvier 2018, avant d’ouvrir son propre restaurant en décembre, en s’associant avec Marion Guillain. "Je m’étais toujours dit que j’allais bosser pour moi".

Une cuisine audacieuse Chez Grenade, la cheffe reprend en main la décoration… "C’était la suite logique du stylisme ! Le but ici c’est de se sentir en vacances alors qu’on est en ville". Mention spéciale pour le plafond du restaurant, drapé d’une vague de tissu rappelant la mer, entièrement confectionnée à la main par la jeune femme. Un côté créatif que l’on retrouve dans l’assiette.

La cuisine d’Alissa Guevara se veut fraîche et haute en couleur : "La Méditerranée, c’est tellement riche, jusqu’à la Grèce, la Crète, le Liban, la Turquie… On va jusqu’au bassin byzantin. La carte change tous les mois, on propose aussi une offre sur le pouce". Une sélection de plats street food, notamment à destination de la clientèle du midi, pressée par le temps.

Que ce soit en début ou en fin de repas, la cheffe aime surprendre ses clients de la rue du Garet : "J’aime beaucoup mettre des légumes en dessert et des fruits en entrée. J’adore aussi combiner les deux, comme du cèleri et des petits-poids dans les desserts, ou alors des fraises, de la pastèque et du melon dans mes entrées. J’aime dérouter… Tu ne mangeras pas ici ce que tu manges ailleurs !".

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